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Essai tracteur de + de 400 ch Essai Massey Ferguson 9S.425 Dyna-VT : le fleuron bleu blanc rouge

Le Massey Ferguson 9S hérite de la volumineuse et spacieuse cabine des petits frères 8S et repose sur un empattement de 3,10 m identique à celui de son prédécesseur, le MF 8700.

Le 9S, chef de file de la marque aux trois triangles, hérite de la spacieuse cabine des 8S. Si la base du tracteur reste sensiblement la même que le 8700, Massey Ferguson lui apporte des évolutions, notamment du côté de la Dyna-VT. Cette transmission d’origine Fendt revisitée en version ML 260 HD permet de mieux passer la puissance aux roues arrière, pouvant atteindre 2,18 m. Son frein moteur plus mordant est très appréciable sur la route. Montez avec moi en cabine afin de prendre en main le plus gros modèle de la gamme, le 9S.425, lors de travaux de déchaumage et de transport.

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Difficile de ne pas le reconnaître dans la campagne. Le 9S, dont la gamme se compose de six modèles allant de 285 à 425 ch, en impose par son capot moteur aux lignes affûtées et sa cabine, héritée des 8S, perchée à près de 1,70 m de hauteur ! Ce tracteur me rappelle mes stages durant mes études, dans une ferme du Jura. Des heures passées au volant des mythiques Massey Ferguson 2245, 3645 et 3690 Datatronic avec leur cabine aux montants gris. Les similitudes sont bien présentes. Je sens que cet essai va me plonger dans mes souvenirs. Je regrette juste que l’intégralité du capot moteur du 9S ne soit pas rouge ! 

La cabine réussie du 8S s’invite donc dans la gamme de forte puissance du constructeur américain, dont le plus gros modèle, le 9S.425, développe 425 ch. C’est ce tracteur que la filiale française a mis à notre disposition pour en prendre les commandes pendant trois jours. Au programme, déchaumage sur l’exploitation de Bertrand Plaquet, dans la Somme. L'agriculteur nous a laissé une vingtaine d’hectares à déchaumer en prévision des semis de haricots. Le dernier jour, nous nous rendrons dans l’Oise, dans une collecte de matériaux recyclés pour tester le tracteur au transport, avec une benne TP Joskin chargée d’un mélange de graviers. 

Pour apprécier les capacités routières de notre 9S.425, la benne Joskin est chargée d’environ 15 t d’un mélange de graviers en 0/20. (© J.M.)

C’est au niveau de la transmission et du poste de conduite que le 9S reçoit les évolutions les plus notables. À bord, les connaisseurs de la marque ne se sentiront pourtant pas perdus. L’univers de conduite, hérité lui aussi des 8S, reprend l’accoudoir multifonction et les couleurs à dominante noire installant une ambiance futuriste. La transmission reste identique à celle du MF 8700 : d’origine Fendt, elle dispose de deux gammes mécaniques, mais je vous en dirai plus lors de l’essai au champ et sur route. Il est temps de prendre les commandes du monstre.

Tapis rouge pour l’accès

Affichant un angle ouvert, les cinq marches d'accès au poste de conduite facilitent la montée, sécurisée par des poignées. À bord, je bascule aisément et rapidement la colonne de direction vers moi en appuyant sur une pédale. Le simple fait de lâcher cette dernière verrouille la position du volant. Je peux également ajuster la profondeur à l'aide d'une poignée. Le siège coulisse et pivote, selon plusieurs positions crantées, pour la route ou pour les travaux au champ. Enfin, en levant le bras, j’atteins facilement les commandes électriques des rétroviseurs pour une conduite en toute sécurité. Au ralenti, le six-cylindres maison de 8,4 L ronronne tranquillement à 750 tr/min. Une fois que je déverrouille le frein de parking avec l’inverseur, situé à gauche du volant, le régime monte à 980 tr/min. Pour atteler le déchaumeur TopDown 500 de 5 m d’envergure mis à disposition par Väderstad, je m’aide des deux boutons « pas à pas » du relevage placés à l’arrière de la console de droite. Ces commandes sont très appréciables pour une montée précise des bras du relevage. 

La transmission à variation continue ML 260 HD, à deux gammes mécaniques I et II, issue du groupe Agco, se dote d’un module hydrostatique renforcé pour passer toute la puissance aux roues. (© J.M.)

Le 9S peut se chausser de grandes roues en 44 pouces à l’arrière, portant le diamètre à 2,18 m. Notre modèle reçoit une monte en 42 pouces, de 900 mm de large. Avant de partir au champ, je descends la pression des quatre pneus Michelin AxioBib 2 à 900 g. Je m’aide du compresseur de la ferme pour contrôler et ajuster la bonne pression. Dommage que le 9S ne soit pas doté du télégonflage intégré. Ces monstres de puissance sont très souvent chaussés, comme notre modèle, de pneumatiques à technologie VF (Very Flexible) qui peuvent justement travailler à des pressions en dessous de 1 bar. Notre tracteur dispose d’un lestage totalisant 1 500 kg sur le pont arrière. Le TopDown accroché sur l’attelage de type Scharmüller « K80 » ne bénéficiant pas de report de charge, je décide de mettre une masse de 1 800 kg sur le relevage avant afin d’équilibrer la balance avant/arrière du tracteur. 

Je me dirige à présent vers la parcelle, à quelques encablures de la ferme. Je remarque immédiatement que la cabine est légèrement plus bruyante que le 8S. Après renseignement, cela viendrait de la transmission.

Chaussé de pneumatiques de 900 mm à l’arrière et de 650 mm à l’avant, le 9S est à l’aise pour les travaux des champs, comme ici avec un Väderstad TopDown 500 de 5 m. (© A.G.)

Prise en main aisée

Au champ, je règle deux lignes A et B depuis le second terminal Datatronic. Personnellement, j’aime bien tout faire depuis un seul et même terminal, mais cela peut être appréciable d’avoir le guidage séparé. De plus, le 9S bénéficie d’un rail qui parcourt toute la profondeur de la vitre de droite. Je peux ainsi positionner où bon me semble ce second écran, et il reste même de la place pour en placer un autre. Après plusieurs allers-retours, je prends mes aises avec la bête. Je pivote le siège sur le côté droit afin d’étendre mes jambes. Un repose-pied aurait été le bienvenu. L’espace entre la pédale d’accélérateur et l’habitacle autour de la roue droite me permet néanmoins d'y glisser mes jambes, mais je dois les croiser. Le tracteur prend son rythme de croisière avec un outil quelque peu petit pour ses 425 ch. Mes demi-tours se passent sans encombre, mais je reste en alerte en raison du manque d’informations sur le guidage.

Le 9S hérite de l'agencement du poste de conduite des tracteurs des autres séries du constructeur basé à Beauvais. (© J.M.)

L’affichage est à mon sens imprécis. Qu’il soit actif ou non, le bouton sur le joystick principal Multipad reste éclairé en vert, tout comme le pictogramme au tableau de bord logé dans le montant droit. Seul un petit volant passant au vert quand j’active le guidage en entrée de ligne m’indique que celui-ci fonctionne. Le bip me semble également faiblard. Bon, je pense que ce dernier peut s’ajuster dans les réglages. Côté performance, notre outil ne permet pas de tester réellement la traction de notre 9S. Je note néanmoins la possibilité de choisir manuellement la tolérance de chute de régime. Avec notre outil de 5 m, je sélectionne une tolérance de 18 %, permettant au tracteur de travailler en mode économique. L’ensemble évolue à 11 km/h, allure demandée par l’agriculteur, pour un régime variant entre 1 400 et 1 800 tr/min dans une parcelle en léger dévers. La profondeur de travail est d’environ 20 cm en vue d’un semis de haricots deux à trois semaines plus tard. Après avoir travaillé une parcelle de 12 ha et la moitié d'une autre de 9 ha, stoppés par la pluie, nous dételons l’outil. 

Lors des descentes sur route, l’activation automatique du ventilateur viscostatique apporte une aide précieuse au frein moteur du tracteur. (© J.M.)

Le lendemain matin, direction Beauvais, où nous attelons à notre tracteur une benne TP à trois essieux Joskin. À l'aide d'une chargeuse CAT 966 XE, nous la remplissons d’un mélange de graviers 0/20 pour un PTAC de 40 t sur la bascule.

Frein moteur puissant

Je prends ensuite la route afin d’apprécier le comportement de notre ensemble. La benne à suspension hydraulique est stable. Je quitte Beauvais pour la campagne environnante afin de trouver un peu de dénivelé. Même si la région est assez plate, la départementale offre de bons faux plats. Je me dirige vers un village en descente. Avant d’arriver au panneau stop, à 150 m environ, je lâche la pédale d’accélérateur, et là, un bruit se fait ressentir en cabine. Il s’agit du ventilateur viscostatique qui se met en route. Celui-ci permet de « consommer » de l’énergie et d'aider le frein moteur du tracteur. C’est un peu bruyant, mais très efficace. En prévoyant mon arrêt au bon moment, j'utilise à peine le frein pour immobiliser l’ensemble à l’intersection. Louis Morizot, le chef produit tracteur de la marque, m’avait indiqué que le groupe Agco avait retravaillé le module hydraulique de la transmission d’origine Fendt pour apporter plus de frein moteur. C’est en effet bluffant. 

Sur un faux plat montant et tractant une benne TP à trois essieux d’un poids total de 26 t, le 9S.425 évolue à une allure de 42 km/h au régime moteur de 1 450 tr/min. (© A.G.)

Je poursuis mon parcours en empruntant un chemin de terre. Le pont avant et la suspension de cabine font le job. Dans les roues, j’avais remis 1,3 bar de pression. Pour le confort, rien à redire. Je regrette juste la commande de clignotant qui ne revient pas automatiquement en position centrale. Après trois jours au volant du 9S.425, je retiens le confort, la facilité de prise en main et la transmission revalorisée pour la partie transport. L’arrivée de la cabine du 8S constitue vraiment le gros plus de ce tracteur. Pour le reste, Massey Ferguson a su conserver les fondamentaux de son prédécesseur, le 8700. Le mariage de la base de cette ancienne génération et de l’univers de la cabine du 8S est réussi.

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